Maladie d’Alzheimer et sommeil : des liens fréquents ?

Article rédigé par Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation,

 

Les personnes souffrant d’une maladie d’Alzheimer ont plus de troubles du sommeil que les autres, mais en est-ce la cause ou la conséquence ? Bonne question !
Bien dormir, c’est essentiel. Pas seulement pour les processus de mémorisation et d’apprentissage, comme cela est déjà connu depuis longtemps. Mais aussi pour d’autres raisons que les chercheurs commencent seulement à découvrir …

 

Le sommeil, indispensable au bon fonctionnement du cerveau
Quand on dort, le cerveau en profiterait pour évacuer ses déchets, grâce à un débit accru du liquide céphalo-rachidien. Premières concernées par ce nettoyage en règle : les fameuses protéines bêta amyloïdes qui s’accumulent dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
De là à penser que les mauvais dormeurs n’arriveraient pas à nettoyer correctement leur cerveau, il n’y a qu’un pas, que les scientifiques ne franchissent pas encore faute de preuve, mais qui les intéresse vivement. En effet, on sait que pour que la maladie d’Alzheimer survienne, plusieurs facteurs doivent être retrouvés (par exemple, des gènes de prédisposition et/ou le grand âge, etc.). Le mauvais sommeil pourrait être l’un d’entre eux…

Plus de plaques amyloïdes chez les mauvais dormeurs ?
Une étude américaine a porté sur 70 seniors âgés de 76 ans en moyenne et ne présentant pas de troubles cognitifs. La réalisation d’un Pet-scan (technique d’imagerie cérébrale permettant de bien voir les dépôts amyloïdes dans le cerveau), montre que les petits ou les mauvais dormeurs, ont plus de dépôts dans leur cerveau que les bons dormeurs.

Cela ne veut pas dire que tous développeront à coup sûr la maladie – car le cerveau reste longtemps capable de compenser – mais certains d’entre eux, oui. Le lien entre mauvais sommeil et dépôt de plaques amyloïdes est donc bien établi. Est-ce à dire que ce sont les troubles du sommeil qui favorisent les dépôts amyloïdes ou les dépôts amyloïdes qui altèrent le fonctionnement des neurones impliqués dans le sommeil ? Bonne question à laquelle les scientifiques devront répondre…

Des troubles du sommeil croissants avec le temps
Une fois la maladie d’Alzheimer diagnostiquée et donc au stade symptomatique, la fréquence des troubles du sommeil augmente encore. Ainsi, les personnes touchées  se plaignent volontiers d’une altération de la qualité de leur sommeil, d’insomnie, de désorganisation du rythme veille/sommeil, voire de déambulation nocturne au point de rendre la vie au domicile impossible.

 

Sources :

  • « Sleep Quality and Preclinical Alzheimer Disease« , Jama Neurology, 11 mars 2013.
  • « Shorter Sleep Duration and Poorer Sleep Quality Linked to Alzheimer’s Disease Biomarker », Jama Neurology, 21 octobre 2013.