Maladie d’Alzheimer : la part de la génétique

Article rédigé par le Docteur Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation,
 

Si les formes héréditaires représentent moins de 1% des cas, il existe néanmoins des gènes de prédisposition à la maladie : en avoir ne veut pas dire que l’on va présenter la maladie à coup sûr. Il s’agit alors seulement d’un facteur de risque…

Plus une maladie d’Alzheimer se déclare tôt dans la vie et plus les médecins ont de raisons de soupçonner nos gènes d’avoir joué un rôle dans sa survenue. Explications…

 

Formes héréditaires : précoces mais rares 

  • Quel est le problème ? Moins de 1 %  des malades présentent une maladie d’Alzheimer d’origine purement génétique. Débutant avant 60 ans, la maladie est due à une mutation. Quatre gènes ont été identifiés : il s’agit du gène PSEN1 qui est présent sur le chromosome 14 (cas le plus fréquent), du gène APP (Amyloïd Precursor Protein) situé sur le gène 21 (second incriminé en fréquence) et exceptionnellement, du gène PSEN2 localisé sur le chromosome 1 ou du gène baptisé SORL1 (au niveau du chromosome 11 et de découverte plus récente). La conséquence commune des mutations génétiques est une augmentation de la production du peptide amyloïde.
  • Quelles sont les conséquences ? Quand un membre de la famille est atteint, il transmet le gène muté à 50 % de ses descendants. C’est pourquoi lorsqu’une maladie d’Alzheimer est diagnostiquée précocement, le médecin peut proposer de réaliser un arbre généalogique, afin de mieux repérer les éventuels membres de la famille également touchés. Si cela révèle une possible transmission héréditaire, se pose alors la question de faire un test génétique à la recherche d’un gène muté…

 

Formes sporadiques : tardives mais fréquentes

  • Quel est le problème ? Des gènes de prédisposition ont été identifiés : par exemple le gène de l’Apoe4 situé sur le chromosome 19 et qui intervient dans les mécanismes de réparation neuronale. Etre porteur d’un gène Apoe4 augmente le risque de développer la maladie d’Alzheimer, mais c’est encore plus flagrant lorsque les deux gènes de la paire sont des gènes Apoe4. Pour autant, si leur présence augmente bien le risque de survenue de la maladie, elle ne se déclare pas à coup sûr et à l’échelle d’une population, de nombreuses personnes porteuses de l’Apoe4 ne déclareront jamais la maladie ! Il reste encore probablement de nombreux gènes de prédisposition à débusquer. En 2013, la plus grande étude internationale jamais réalisée sur la maladie d’Alzheimer (International genomics of Alzheimer project), a permis d’identifier onze nouvelles régions du génome impliquées dans la survenue de cette maladie neurodégénérative et peut-être treize autres, en cours de validation.
  • Quelles sont les conséquences ? La part de la génétique n’est pas prépondérante dans la survenue des formes sporadiques de la maladie. D’autres facteurs environnementaux entrent en ligne de compte et cette forme de la maladie d’Alzheimer, de loin la plus fréquente, doit être considérée comme une maladie multifactorielle.

 

Pour qui le diagnostic génétique ?

Une recherche de cause génétique de la maladie d’Alzheimer peut être proposée lorsqu’au moins deux apparentés du premier degré (frère/sœur, parent) présentent (ou ont présenté) une maladie d’Alzheimer dont l’âge de début des premiers symptômes est inférieur ou égal à 65 ans pour chacun. Ou encore, lorsqu’un membre isolé de la famille présente une maladie d’Alzheimer dont l’âge de début des premiers symptômes est inférieur ou égal à 50 ans. Le diagnostic moléculaire nécessite un consentement informé, signé spécifiquement par le patient sauf s’il est sous tutelle, auquel cas il est obligatoire d’obtenir l’accord du tuteur légal pour pratiquer cet examen. Dans la mesure où l’on ne sait pas guérir cette maladie, il s’agit toujours d’un choix personnel…

Sources :

• Nature Genetics, 27 octobre 2013

Orpha.net

Oxford Journals