Mieux connaître la maladie d Alzheimer aujourd’hui, pour mieux traiter demain

D’après une communication du Professeur Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer (IM2A) et président du Comité scientifique de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer, lors des Entretiens de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer 2014 à la Maison de la Chimie.

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Les chercheurs ont beaucoup progressé dans la connaissance de la maladie d’Alzheimer. Et leurs avancées sont cruciales dans la perspective d’un traitement précoce !

On connaissait déjà les lésions du cerveau responsables de la maladie d’Alzheimer. Des plaques amyloïdes se forment entre les neurones. Des amas de protéines se déposent à l’intérieur de ces mêmes neurones, qui finissent par disparaître.

Voir et prévoir

Plus récemment, les chercheurs ont découvert comment ces lésions progressent dans le cerveau. Elles commencent au niveau de l’hippocampe, une structure qui permet de mémoriser les informations nouvelles. Les chercheurs ont aussi découvert comment les visualiser du vivant du patient. Les plaques amyloïdes sont repérables grâce à une sorte de scanner (PET Scan). Et on sait aujourd’hui qu’elles commencent à apparaître dans le cerveau 15 ans avant les premiers symptômes ! Même si le PET Scan n’est pas encore disponible partout, ni remboursé, il rend possible un diagnostic très précoce de la maladie. Instaurer un traitement à ce stade permettrait d’éviter la survenue des symptômes. De nombreux médicaments sont en cours de développement. Parmi eux, les anticorps monoclonaux sont particulièrement prometteurs. Administrés en injection, ils réduisent la concentration des plaques amyloïdes dans le cerveau.

Dissiper les dernières zones d’ombre

Aux Etats-Unis, une équipe de recherche a débuté un essai clinique de ces anticorps monoclonaux chez des personnes qui ont les lésions cérébrales de la maladie, mais aucun symptôme. Pourtant, rien ne permet d’affirmer qu’elles développeront toutes la maladie un jour, ni quand elle apparaitra. Leur participation à un essai clinique pose un indéniable problème éthique, en raison des effets secondaires des anticorps monoclonaux. C’est pourquoi les chercheurs Français n’entameront pas un tel essai clinique avant d’avoir mieux compris la maladie. Si les lésions du cerveau sont une condition nécessaire à son apparition ultérieure, elles ne sont peut-être pas une condition suffisante. Il faut donc identifier les facteurs qui permettent de prédire, avec certitude, que la maladie apparaitra. C’est tout l’enjeu de l’étude INSIGHT, qui a débuté l’an passé à la Pitié Salpêtrière.

La prévention à portée de main

Dans l’attente de ses résultats, il est possible de prévenir la maladie d’Alzheimer en agissant sur des facteurs déjà identifiés comme protecteurs. Avoir une activité physique régulière, arrêter de fumer et traiter une hypertension artérielle en font partie. Faire fonctionner ses neurones aussi ! Acquérir de nouvelles connaissances, multiplier les activités intellectuelles et développer ses relations avec les autres sont autant de moyens d’aider le cerveau à compenser une éventuelle accumulation de plaques amyloïdes.