Dépister la maladie d’Alzheimer débutante par un EEG ?

Nathalie George et Valentina La Corte, ICM

 

L’application des techniques électroencéphalographiques au champ de recherche sur les maladies neurodégénératives est restée un peu dans l’ombre des développement spectaculaires des méthodes d’imagerie – en particulier l’IRM – survenus ces dernières années. Pourtant, les techniques de recueil et d’analyse des signaux EEG ont également bénéficié d’énormes progrès technologiques et, si l’enregistrement EEG reste loin d’offrir la même précision spatiale que l’IRM, il présente l’avantage d’un plus grand pouvoir de résolution temporelle. Il permet en effet d’étudier des phénomènes à l’échelle de la milliseconde. L’étude du signal EEG peut ainsi fournir des renseignements qui ne sont pas accessibles par d’autres méthodes. C’est le cas, en particulier, si l’on s’intéresse aux tout premiers stades de la maladie, quand le cerveau essaie de compenser ses premiers dysfonctionnements, avant que les pertes neuronales ne soient observables.

L’étude INSIGHT pre-AD, conduite à la Pitié-Salpêtrière (IM2A) a suivi pendant 5 ans des sujets âgés de plus de 70 ans, avec un fonctionnement intellectuel parfait, mais se plaignant de leur mémoire. Grâce à un PET-scan, utilisant un marqueur isotopique de la protéine b-amyloïde, il a été possible d’identifier les sujets qui pouvaient être à risque de déclarer avec le temps une maladie d’Alzheimer. Des enregistrements EEG fonctionnels ont été recueillis à plusieurs reprises chez les participants à cette étude. Ce sont ces données que les équipes de Nathalie George et Valentina La Corte, à l’ICM, expertes reconnues dans ce domaine, vont analyser dans ce travail de recherche soutenu par la Fondation.

Plus précisément, les chercheuses vont analyser des signaux appelés « potentiels évoqués ». Il s’agit des ondes électriques particulières survenant lors d’une stimulation cérébrale. Dans le cas présent il s’agissait d’une épreuve de mémorisation de mots. On peut s’attendre à ce que, pour des sujets « pré-alzheimer », une situation d’apprentissage sollicite des ressources cérébrales particulières.  Ainsi pourront être recherchés chez les sujets à risque ou progressant vers la maladie, des modifications des signaux électriques observés lors d’un test de mémoire, modifications qui pourraient être les marqueurs d’un début de la maladie.

 

Montant du financement : 230 000€

Durée du financement : 3 ans