Qu’est-ce que l’Ă©chelle de Reisberg et Ă  quoi correspondent ses diffĂ©rents stades ?

 

Le premier mĂ©decin Ă  dĂ©crire prĂ©cisĂ©ment l’Ă©volution clinique de la maladie d’Alzheimer est le psychiatre amĂ©ricain Barry Reisberg, en 1982. Il relève sept stades principaux entre l’absence de troubles cognitifs et la dĂ©mence très sĂ©vère. Ă€ chacun, correspond un niveau d’autonomie et des symptĂ´mes. Ces distinctions constituent l’Ă©chelle globale de dĂ©tĂ©rioration (GDS), Ă©galement appelĂ©e Ă©chelle de Reisberg. Cet outil est encore largement utilisĂ© par les professionnels pour Ă©valuer l’Ă©tat d’une personne atteinte par la maladie d’Alzheimer, mesurer la progression de sa pathologie et guider son entourage dans la prise en charge.

 

  • Stade 1 : tout va bien !

La personne ne prĂ©sente aucun signe de la maladie d’Alzheimer. Les Ă©ventuels trous de mĂ©moire sont Ă  mettre sur le compte de l’âge, mais sont sans rapport avec un dĂ©clin cognitif. Bref, rien Ă  signaler !

 

  • Stade 2 : d’imperceptibles dĂ©faillances de mĂ©moire…

Quasi indĂ©celables, des troubles de la mĂ©moire se manifestent de temps Ă  autre : tantĂ´t la personne peine parfois Ă  trouver ses mots, tantĂ´t elle confond les noms ou oublie oĂą elle a posĂ© ses clĂ©s… Pas de quoi altĂ©rer ses performances professionnelles ni ses relations sociales ! Il s’agit seulement d’un très lĂ©ger dĂ©clin cognitif.

 

  • Stade 3 : les troubles cognitifs perturbent le quotidien

Les troubles cognitifs commencent Ă  retenir l’attention de l’entourage, car ils ont tendance Ă  se rĂ©pĂ©ter et s’intensifier : la personne se perd, Ă©gare ses objets, peine Ă  se concentrer et Ă  s’organiser, elle se rĂ©pète et Ă©prouve des difficultĂ©s Ă  nommer les gens. Ses aptitudes au travail en pâtissent. Elle en prend elle-mĂŞme conscience, ce qui engendre anxiĂ©tĂ© ou dĂ©ni, selon les cas. Ce dĂ©clin cognitif lĂ©ger prĂ©cède la dĂ©mence, mais n’en est pas. Des annĂ©es peuvent s’Ă©couler ainsi.

 

  • Stade 4 : le diagnostic de maladie d’Alzheimer est posĂ©

Ă€ partir de ce stade, la personne est considĂ©rĂ©e comme un malade Alzheimer. Tous les Ă©lĂ©ments sont rĂ©unis pour qu’un diagnostic puisse ĂŞtre posĂ©, mĂŞme s’il s’agit seulement de la phase prĂ©coce de la pathologie. De plus en plus frĂ©quents, les troubles cognitifs prennent des formes variĂ©es : la personne a du mal Ă  exĂ©cuter les tâches complexes ou rĂ©soudre des calculs mentaux, elle oublie les Ă©vĂ©nements rĂ©cents, des Ă©lĂ©ments de son propre passĂ© lui Ă©chappent… Ces difficultĂ©s gĂ©nèrent facilement des sautes d’humeur. La personne reste nĂ©anmoins capable de s’occuper d’elle, de s’orienter dans le temps, dans les espaces connus et de reconnaĂ®tre les visages familiers.

 

  • Stade 5 : le dĂ©but de la dĂ©pendance

La personne ne parvient plus Ă  exĂ©cuter seule certaines tâches quotidiennes (prĂ©parer des repas, choisir ses habits). MĂŞme si elle gère encore ses besoins Ă©lĂ©mentaires (manger, aller aux toilettes), elle ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme autonome et ses proches doivent rĂ©organiser sa vie pour qu’elle bĂ©nĂ©ficie d’une aide Ă  domicile. Contrairement aux informations de la vie courante (ses coordonnĂ©es, la date…), les Ă©lĂ©ments de son passĂ© (faits majeurs de sa vie, noms de ses proches…) rĂ©sistent.

 

  • Stade 6 : l’apparition des troubles du comportement

La plupart des activitĂ©s quotidiennes (s’habiller, se laver, aller aux toilettes, manger) requièrent maintenant une assistance. La question de l’entrĂ©e en institution se pose de façon d’autant plus pressante qu’aux troubles de mĂ©moire aggravĂ©s, se mĂŞlent souvent des troubles du comportement, qui compliquent fortement la vie Ă  domicile : agitation, errance, hallucinations, dĂ©fiance, agressivitĂ©, symptĂ´mes obsessionnels…

 

  • Stade 7 : la fin des interactions

Progressivement s’installe une tension musculaire rendant la personne incapable de se dĂ©placer ou d’interagir (parler, sourire). Une assistance devient indispensable pour l’ensemble de ses besoins. Cette phase finale de la maladie peut durer un Ă  trois ans aboutissant au coma mais le patient est souvent victime d’une complication : embolie, « fausse-route », infection ».

 

 

Conclusion : Cette Ă©chelle dĂ©finie en 1982 est-elle toujours un instrument pertinent ? Le recours Ă  cet outil a cependant Ă©tĂ© critiquĂ© en 2022 par la FĂ©dĂ©ration des Centres MĂ©moire comme Ă©tant un instrument datĂ© et imparfaitement validĂ©. Son dĂ©faut est qu’il repose sur l’idĂ©e que ces maladies suivent chez tous les patients une progression identique. On sait maintenant qu’elles sont bien plus hĂ©tĂ©rogènes dans leur Ă©volution. Des sujets atteints de formes rares de MA, par exemple les formes frontales ou visuelles dĂ©butantes de MA, pourraient passer Ă  travers ce crible, avec pourtant un dĂ©ficit visuo-spatial ou de l’attention altĂ©rant considĂ©rablement la capacitĂ© Ă  conduire. Quant aux maladies apparentĂ©es – maladie Ă  corps de Lewy, dĂ©gĂ©nĂ©rescence lobaire fronto-temporale- couvertes par ce dĂ©cret, le recours Ă  cette Ă©chelle y paraĂ®t encore moins lĂ©gitime. Cette dĂ©cision a au moins le mĂ©rite d’alerter, et de proposer un repère, mais rien ne remplace une Ă©valuation individuelle par des Ă©quipes spĂ©cialisĂ©es, malheureusement trop peu nombreuses.

 

The Global Deterioration Scale for assessment of primary degenerative dementia : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7114305/

Pour en savoir plus sur les symptômes et le diagnostic de la maladie d’Alzheimer : https://alzheimer-recherche.org/la-maladie-alzheimer/symptomes-et-diagnostic/