Tester des anti-inflammatoires pour rétablir des connexions neuronales

Aymeric Silvin, Florent Ginhoux, Institut Gustave Roussy Villejuif

Les macrophages représentent les cellules immunitaires principales des différents tissus de l’organisme et permettent l’entretien et le maintien des fonctions assurées par chaque organe. Les macrophages cérébraux sont particuliers puisqu’ils apparaissent très tôt dans le cerveau du fœtus et ne seront que très peu remplacés au cours de la vie. Ils représentent la principale cellule immunitaire cérébrale, assurant le nettoyage de l’environnement cérébral et permettant la plasticité́ des connections neuronales.

Lors de la maladie d’Alzheimer des débris d’amyloïde béta s’accumulent dans le cerveau des patients, perturbant de nombreux processus neuronaux ainsi que la barrière sang-cerveau. Cette équipe a pu mettre en évidence, grâce à l’utilisation d’un modèle murin de la maladie d’Alzheimer, qu’au cours de la maladie des cellules immunitaires circulant dans le sang, les monocytes, peuvent s’infiltrer dans le cerveau où ils évoluent en macrophages. Ces macrophages dérivés de monocytes, que cette équipe a dénommés DIMs – pour macrophages inflammatoires induit par la maladie – provoquent une réponse immunitaire inflammatoire. L’inflammation est une réponse immunitaire permettant d’alerter l’organisme de la présences d’un pathogène et de lutter contre celui-ci. Cependant une réponse inflammatoire intra-cérébrale induit des effets catastrophiques sur le bon fonctionnement neuronal. A l’heure actuelle, on ignore ce qui, dans la maladie d’Alzheimer, résulte des agrégats d’amyloïde beta, de l’inflammation ou de la présence d’un pathogène encore inconnu. Des macrophages similaires au DIMs produisant une réponse inflammatoire dans ces modèles ont pu être observés au sein des cerveaux de patients souffrant de maladie d’Alzheimer.

Cette équipe se propose donc de tester si la réduction de l’inflammation, au moyen de médicaments utilisés contre des maladies inflammatoires générales, pourraient diminuer l’inflammation induite par ces macrophages DIMs, ralentir l’apparitions des symptômes ou restaurer un environnement permettant la rétablir des connections neuronales. Dans un premier temps les chercheurs vont étudier cette population de macrophages inflammatoires, les DIMs, dans 3 modèles murins de la maladie d’Alzheimer afin de mieux comprendre leur rôle. Dans un deuxième temps, deux médicaments, l’Etanercept et le Bemcentinib, déjà disponibles pour traiter des maladies inflammatoires, seront testés, afin de déterminer leur impact sur la réponse inflammatoire des DIMs. Ces deux traitements seront utilisés soit de manière préventive, avant l’installation des symptômes, soit de façon curative,  quand la maladie est établie, afin de déterminer leur efficacité et leur éventuelle modalité d’utilisation pour le traitement de la maladie d’Alzheimer.

 

Durée du financement : 3 ans