Article rédigé par Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation,
Même si on ne sait pas encore guérir la maladie d’Alzheimer aujourd’hui, en faire le diagnostic le plus précoce possible est indispensable. Pour comprendre. Pour retarder l’évolution. Et pour protéger son proche malade…
Première cause de dépendance, la maladie d’Alzheimer, aussi fréquente soit-elle, n’a rien à voir avec le vieillissement normal du cerveau. Même si la maladie frappe environ 20 % des plus de 80 ans, cela fait plus des trois-quarts d’octogénaires qui ne présentent aucun symptôme : il s’agit donc bien d’une maladie à part entière. Une maladie qui efface les nouveaux souvenirs et altère le jugement. De quoi compromettre sérieusement l’autonomie et compliquer la vie de la famille, a fortiori quand le diagnostic tarde à être posé.
Pour lever les doutes
On a tous des oublis. Mais certains s’en inquiètent plus que d’autres et pensent être atteints de la maladie d’Alzheimer alors que ce n’est pas le cas. Une consultation mémoire et si besoin, d’autres examens complémentaires comme une IRM, auraient pu démontrer qu’il n’en est rien et éviter de s’angoisser sans raison. C’est aussi parfois l’occasion de poser un autre diagnostic : or s’il s’agit d’une maladie qui se soigne bien, il serait vraiment dommage de passer à côté.
A l’inverse, d’autres personnes font la politique de l’autruche et ne consultent pas alors qu’elles présentent des troubles grandissants de l’adaptation : leur mémoire récente est souvent prise en défaut. Elles présentent des troubles de l’humeur et du comportement. Enfin, elles ont des problèmes d’orientation dans l’espace et le temps. Comme au début elles se rendent compte de ces troubles, le risque de générer ou d’aggraver une dépression est bien réel. Le risque de quiproquos avec les proches qui pensent que leur parent «vieillit mal», également. Enfin, le risque d’accident n’est pas nul en cas d’oubli d’éteindre le gaz par exemple. Autant de raisons pour ne pas rester avec un doute …
Retarder l’évolution de la maladie
Lorsque le diagnostic de maladie d’Alzheimer est posé, chacun sait à quoi s’en tenir. Comme les proches savent que leur parent malade n’est pas responsable de ses sautes d’humeur, ils ne lui en tiennent pas grief. Mais surtout, les médecins ne sont pas démunis. Ils disposent déjà de médicaments modérément efficaces, capables de stabiliser la maladie. Ce n’est pas suffisant pour empêcher totalement sa progression et c’est pourquoi d’autres médicaments sont en préparation. Mais comme il y a une phase de compensation du cerveau qui peut être très longue, surtout si l’on s’aide de ces traitements, il y a toujours l’espoir qu’entre temps, la recherche progresse suffisamment pour arriver enfin à bloquer la cascade qui aboutit à l’accumulation anormale de protéines dans le cerveau.
Protéger son proche malade de lui-même
Lorsque la maladie est clairement identifiée, cela permet de savoir que son proche va passer par une alternance de phases de lucidité et de confusion et de se méfier en cas de maladie concomitante (ne serait-ce qu’une simple grippe) qui peut transitoirement aggraver cet état confusionnel.
Lorsque de toute évidence, le proche atteint de la maladie d’Alzheimer n’est plus capable de gérer son budget et de s’assumer au quotidien, des mesures de protection s’imposent. C’est plus simple lorsque cette situation a été anticipée par l’établissement d’un mandat de protection future ayant permis au malade, alors qu’il avait encore toute sa tête, de désigner qui serait chargé de surveiller son patrimoine. Enfin, la maladie d’Alzheimer finissant par entraîner une dépendance totale et définitive, la question d’une admission dans une maison médicalisée finit également par se poser, mais une fois de plus, lorsque le diagnostic est posé de longue date, ce changement a pu être anticipé. Et donc mieux accepté, y compris par la famille.
Source :
Guide Médecin – Maladie d’Alzheimer et autres démences, par la Haute Autorité de Santé.