Marie-Claude Potier et Fanny Mochel, Institut du Cerveau

 

L’approche « omnique Â» pour identifier de nouveaux biomarqueurs

Le suffixe « -omique Â» dĂ©signe, en biologie, une approche qui met Ă  profit les mĂ©thodes d’analyse automatisĂ©e et de traitement informatique de très grandes quantitĂ©s de donnĂ©es. On peut ainsi analyser sur des Ă©chantillons de prĂ©lèvement biologiques (par exemple du sang) des pools de molĂ©cules, par exemple au sein des lipides (on parle alors de lipidomique), des protĂ©ines (protĂ©inomique) ou de l’ARNm (transcriptomique).  C’est une approche sans a priori qui cherche Ă  identifier des diffĂ©rences biologiques entre diffĂ©rents groupe de sujets. Cela peut ouvrir la porte Ă  la mise en Ă©vidence de nouveaux marqueurs diagnostiques d’une maladie et Ă  remonter la piste vers des mĂ©canismes en cause dans les pathologies.

Un des plus grands challenges pour la maladie d’Alzheimer est d’identifier des voies métaboliques et des marqueurs, permettant de prédire la maladie, qui soient à la fois fiables et d’accès et de réalisation facile. L’approche « omique » y est donc tout à fait pertinente.

A l’Institut du cerveau, à la Salpêtrière, les équipes de Marie-Claude Potier et Fanny Mochel ont décidé d’utiliser cette approche sur les échantillons recueillis dans l’étude INSIGHT pré-AD, conduite à l’IM2A par le Pr Bruno Dubois et son équipe. Cette étude suit à long terme des sujets âgés, ayant une plainte subjective de mémoire mais avec des performances strictement normales à une batterie de tests neuropsychologiques. Ils bénéficient d’examens approfondis et notamment d’un PET cérébral permettant de quantifier le dépôt intracérébral de peptide amyloïde, connu pour être un marqueur de maladie d’Alzheimer.

Dans un premier temps ces équipes ont analysé les échantillons recueillis à 12 et 18 mois de suivi chez 58 participants avec un dépôt amyloïde intracérébral excessif (A+) et 58 sujets sans dépôt anormal (A-). Le but était de rechercher, avec des méthodes statistiques sophistiquées, s’il existait entre ces deux groupes des différences dans les pools de molécules circulant dans le sang, dont la concentration indiquerait le statut amyloïde cérébral des sujets.

Un groupe de 10 mĂ©tabolites d’acides gras Ă©tĂ© identifiĂ© ; il permettait de diffĂ©rencier les 2 groupes de sujet A+ et A-, avec une valeur prĂ©dictive de plus de 99 % (Xicota et al.  2019).

Insight-Métabo investigue ces résultats sur un plus large échantillon de sujets

Ce succès initial conduit l’équipe de Marie-Claude Potier et Fanny Mochel à chercher maintenant à confirmer ce résultat sur la cohorte complète (318 sujets) ainsi que sur les données désormais disponibles à 24 et 36 mois. C’est le projet INSIGHT-Métabo. Cette durée de suivi supplémentaire permettra aussi d’intégrer à ce travail l’évolution clinique des participants, certains, ayant un biomarqueur positif (A+) ayant pu, entre-temps, développer des troubles cognitifs.

 

 

Montant du financement : 144 480€

Durée du financement : 1 an