Dans l’attente d’un traitement thérapeutique efficace, il est d’ores et déjà possible de lutter contre la maladie d’Alzheimer et d’agir sur certains facteurs de risque en modifiant ses habitudes de vie. Sur la base d’études récentes, notre dernier live Digit’Alz faisait un point sur ces moyens de prévention à portée de main de tous…

 

Tant que nous ne disposerons pas d’un médicament capable de la stopper ou de la freiner très significativement, sommes-nous impuissants face à la progression inéluctable de la maladie ? La réponse est : NON ! Nous avons déjà sous la main des moyens de ralentir la survenue du déclin cognitif, rien qu’en adaptant certaines habitudes de vie. Les uns sont connus depuis quelque temps, de nouveaux ne cessent d’être mis en avant par la recherche. Un éclairage scientifique sur ces solutions de prévention est proposé dans le dernier live Digit’Alz organisé dans la cadre de la Semaine du Cerveau.

 

Ainsi que le rappelle le Dr Olivier de Ladoucette, la maladie d’Alzheimer commence par une longue phase silencieuse, qui dure de dix à quinze ans. Pendant tout ce temps, des protéines anormales s’accumulent dans les neurones, créant des lésions, mais aucun symptôme ne se déclare encore car le cerveau compense leurs effets destructeurs. L’apparition des premiers troubles est plus moins retardée, selon que le mode de vie du patient protège ou fragilise le cerveau dans cette lutte discrète. Écartons d’emblée les facteurs sur lesquels on ne peut agir (âge, sexe, génétique) pour pointer du doigt les habitudes qui peuvent être adaptées :

 

Stimuler ses neurones. Une arme de taille face au vieillissement cérébral est notre réserve cognitive, c’est-à-dire la densité et la qualité de connexions qui existent entre les neurones. Comment se constitue-t-elle ? Tout au long de notre vie, par nos apprentissages et nos découvertes. Elle dépend du niveau d’éducation, du type de métier, des loisirs et des interactions sociales Plus ces activités sont cognitivement stimulantes, plus elle sera importante, et plus notre cerveau pourra compenser les pertes neuronales.

 

Préserver sa santé vasculaire. Pour se défendre contre les lésions, le cerveau doit pouvoir compter sur la performance des millions de petits vaisseaux sanguins qui le parcourent. Il est donc crucial d’avoir une bonne hygiène de vie et une activité physique régulière pour s’assurer une bonne santé vasculaire. À cet égard, les ennemis à écarter ou surveiller sont, le tabac, la sédentarité, le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie… Il convient aussi d’éviter l’alcool, qui est directement toxique pour le cerveau.

 

Manger sainement. Afin de guider les habitudes alimentaires dans le bon sens, la chercheuse Maude Wagner (lien vers sa page) présente le régime MIND (Mediterranean-Dash Intervention for Neurodegenerative), conçu pour préserver la santé cérébrale. Il privilégie notamment les aliments riches en antioxydants, comme les fruits (surtout rouges) et les légumes (surtout verts à feuille), qui présentent l’avantage majeur de protéger les neurones du grand responsable du vieillissement : le stress oxydatif. Des portions et des fréquences sont recommandées pour chaque type d’aliments afin d’optimiser leurs bienfaits. Depuis sa création en 2015, ce régime est testé sur un large panel de patients. De premières études ont d’ores et déjà prouvé que même suivi de façon modeste, il diminuait le risque de développer Alzheimer et retardait la manifestation des symptômes. Des bénéfices d’autant plus appréciables que le régime est accessible à tous en termes de contraintes et de prix !

 

Se détendre. Face à l’anxiété, et les troubles du sommeil, qui, comme la dépression, sont deux facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer, la méditation est un précieux allié. En régulant les émotions et l’attention, elle favorise le bien-être et l’équilibre. Une étude européenne, le projet Silver Santé Study, est en cours pour prouver ces bienfaits. Le Dr Gaël Chételat, (lien vers sa page) est venue présenter ses premiers résultats encourageants : d’une part, après un entraînement de huit semaines de méditation, une réduction significative et durable de l’anxiété chez des patients se plaignant de leur mémoire ; d’autre part, après dix-huit mois de pratique régulière de méditation, des effets significatifs sur les marqueurs comportementaux de régulation attentionnelle et socio-émotionnelle.

 

Attention, ces conseils de vie ne sont efficaces que dans la mesure où ils sont appliqués régulièrement et en combinaison les uns avec les autres ! Même si vous n’êtes pas un sujet à risque, ils sont bons à garder en tête, car ils garantissent de façon générale un vieillissement dans les meilleures conditions.

 

Encadré : Le doux rêve d’un médicament efficace ?

Après s’être concentré sur les facteurs de risque modifiables, le live posait la question de la prévention pharmacologique, par la voix du Pr Bruno Dubois, Co-fondateur de la Fondation  Recherche Alzheimer. Ce dernier rappelait qu’il existe à ce jour des médicaments capables de nettoyer les lésions amyloïdes responsables de la maladie d’Alzheimer, mais d’après les observations menées, ils n’ont pas d’effet significatif sur les symptômes à un stade avancé et seulement un effet modeste à un stade prodromal, c’est-à-dire chez des patients présentant des symptômes qui n’ont pas encore la sévérité de la démence. Des espoirs sont néanmoins permis, car se dessine maintenant la possibilité de tester ces traitements à un stade préclinique, grâce aux biomarqueurs qui permettent de repérer les lésions avant l’arrivée des symptômes. Si les résultats sont probants, le rêve serait alors de créer des centres de prévention du déclin cognitif, dans lesquels des sujets asymptomatiques viendraient évaluer leur risque de développer la maladie et, selon les cas, soit recevoir des conseils personnalisés de prévention soit pour les sujets les plus à risque, suivre régulièrement des cures du traitement. Peut-être sera-t-il ainsi possible de retarder l’entrée dans la maladie jusqu’à la fin de leur vie…

 

Pour voir le live Digit’Alz de mars 1023 c’est ici.

 

Pour en savoir plus sur la recherche sur les nouveaux traitements : https://alzheimer-recherche.org/recherche/la-recherche-clinique/recherchecliniquetraitement/

 

Pour en savoir plus sur la Semaine du Cerveau : https://www.semaineducerveau.fr/