Les traitements médicamenteux de la maladie d’Alzheimer

A l’heure actuelle, on ne dispose encore d’aucun traitement curatif permettant de guérir la maladie d’Alzheimer, mais de nouveaux médicaments, des anticorps anti-amyloïdes, devraient bientôt arriver sur le marché.

Les traitements prescrits à ce jour dans le cadre de la maladie d’Alzheimer sont des traitements symptomatiques, ils  agissent sur les conséquences de la maladie et non sur la cause elle-mêmeLes traitements médicamenteux disponibles aujourd’hui visent à essayer de stabiliser ou d’améliorer transitoirement les fonctions cognitives et de contrôler les troubles du comportement.

Actuellement, quatre médicaments spécifiques sont commercialisés en France. Ils appartiennent à deux familles : les anticholinestérasiques et les antiglutamates.

  • Les Inhibiteurs de l’acétylcholinestérase
    L’acétylcholinestérase est une molécule qui joue un rôle de régulation de l’action de l’acétylcholine en entrainant sa destruction pour éviter une action excessive de celle-ci. L’acétylcholine est une molécule permettant la transmission de l’information entre certains neurones et joue un rôle dans la mémorisation. En empêchant l’action de l’acétylcholinestérase, ces traitements ont pour objectif de corriger le déficit en acétylcholine que l’on observe dans le cerveau de patients atteints de maladie d’Alzheimer. Les effets de ces traitements sont modestes mais significativement supérieurs à ceux d’un placebo. C’est pourquoi il est recommandé de les prescrire en première intention, dès les stades débutants de la maladie.
  • La famille des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase comprend trois molécules différentes : donepezil, galantamine et rivastigmine.
  • Les Antiglutamates (antagonistes des récepteurs NMDA). Cette classe thérapeutique a montré des résultats contradictoires sur les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Elle ne comprend qu’un seul médicament, la mémantine, qui serait inefficace sur le vigilance et l’attention, mais a montré une certaine efficacité dans les formes avancées de la maladie. Le glutamate est un neurotransmetteur (molécule permettant la transmission des informations d’un neurone à l’autre) qui jouerait un rôle dans les fonctions cérébrales d’apprentissage et de mémorisation. Mais en trop grande quantité, le glutamate est susceptible d’entraîner des effets pathologiques entraînant la mort des neurones.

Ces 4 médicaments peuvent être prescrits par un gériatre, un neurologue ou un psychiatre, mais la prescription n’est pas automatique. Bien que leur efficacité soit modeste et temporaire, elle a été scientifiquement établie.

En 2018, le ministère de la santé a décidé, sur les recommandations de la HAS, le déremboursement de ces médicaments anti-Alzheimer.

La Fondation regrette cette décision car elle introduit une iniquité importante chez les patients pour lesquels ces médicaments sont indiqués et risque d’écarter bon nombre de malades des circuits diagnostiques et thérapeutiques.

En savoir plus sur la réaction des médecins neurologues et gériatres


La prise en charge humaine, psychologique et sociale, des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et de leur entourage reste capitale. Elle vise à maintenir leur autonomie et à améliorer leur qualité de vie.

Des traitements non spécifiques des troubles comportementaux sont parfois proposés aux personnes malades lorsque des troubles du comportement sont observés.

Quelles sont les perspectives ?

Plusieurs hypothèses physiopathologiques sont proposées et de nombreux essais cliniques thérapeutiques sont en coursIls se concentrent sur les mécanismes de formation des lésions de la maladie d’Alzheimer et sur la façon de les combattre.

Les produits sur lesquels la recherche est à l’heure actuelle la plus avancée ciblent les deux lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer : les plaques amyloïdes d’une part et les agrégats anormaux de protéine tau d’autre part. Il s’agit d’anticorps spécifiques, actuellement en cours de développement clinique. Plusieurs de ces anticorps sont testés dans des essais thérapeutiques de phase 2 ou 3 avec la participation de centres français. Un dossier d’enregistrement a été soumis en 2020 pour l’un d’entre eux – l’aducanumab – auprès de la FDA, l’autorité de santé des Etats-Unis, et a fait l’objet d’une revue prioritaire. La FDA a autorisé la mise sur le marché américain de l’aducanumab le 7 juin 2021, une décision historique. Cette décision a été très contestée puisque sur les deux études de phase 3 présentées par le laboratoire une seule donnait un résultat concluant en faveur de l’aducanumab et que le comité d’experts réuni par la FDA s’était prononcé contre son approbation. Ce produit a été commercialisé aux Etats-Unis mais n’a pas été remboursé par Medicare. Finalement le laboratoire Biogen en a arrêté la commercialisation à l’été 2022.
La FDA a donné, le 6 janvier 2023, son feu vert à la commercialisation du lecanemab sous le nom de LeqembiTM. Il s’agit d’une approbation accélérée. Cette procédure a été conçue par le législateur pour donner une autorisation temporaire, sur la base de critères secondaires : ici le « nettoyage » des dépôts amyloïdes intracérébraux. Le laboratoire EISAI et son partenaire BIOGEN, vont donc devoir fournir un dossier complet avec très probablement des études de plus longue durée pour une approbation classique par la FDA. Des demandes d’autorisation de mise sur le marché du lecanemab devraient être faites d’ici mars 2023 au Japon et en Europe.
Dans cette étude Clarity le lecanemab a permis un ralentissement de la maladie de 27% sur les 18 mois de l’étude, et les risques sont ceux liés au mécanisme d’action du produit, et qui nécessiteront une surveillance régulière en IRM, au moins au début du traitement. Il s’agit d’œdème cérébral, généralement de peu de conséquences (10% sous lecanemab, 1% dans le groupe placebo) et de petits saignements intra-cérébraux (6% sous lecanemab, 5% sous placebo). S’ils sont sévères ils pourront conduire à l’arrêt du traitement.



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