Difficile de ne pas se laisser déstabiliser quand ces perceptions erronées surviennent chez un malade Alzheimer. Faut-il le brusquer pour le ramener à la réalité ou entrer dans son jeu ? Peut-on limiter la récurrence de ces troubles ? Les médicaments sont-ils une solution ? Quelques réponses pour vous dans cet article…
Si votre proche, atteint par Alzheimer, vous certifie qu’il voie ou entend des choses qui ne correspondent pas à la réalité, pas de panique : il s’agit probablement d’hallucinations ! Ces troubles du comportement touchent 20 à 30% des cas, avec une plus forte proportion dans la phase sévère de la maladie. Ils surviennent surtout le soir et la nuit. Impressionnants pour l’entourage, ils sont rarement dangereux. L’essentiel est de ne pas se laisser déstabiliser. Voici quelques conseils pour bien réagir et prévenir ce problème.
Ne pas raisonner
Inutile de chercher absolument à démontrer à votre proche que ce qu’il a vu ou entendu était faux ! Enfermé dans sa réalité, il ne sera pas réceptif à des arguments rationnels et logiques : non seulement vous perdrez votre temps, mais à force de le contredire, vous risquez d’aggraver sa contrariété ou son angoisse. Ne faites pas pour autant semblant de le croire, ce qui attiserait son délire. Contentez-vous de lui dire que vous, vous ne voyez/vous n’entendez rien et ne vous attardez pas sur l’hallucination en elle-même.
Rassurer
Concentrez-vous plutôt sur la réaction de votre proche à cette hallucination. Si elle est positive (il croit voir sa mère près de lui, ce qui le rend heureux), il suffit de ne pas rebondir et de changer de sujet. Si elle est négative (il est terrorisé par un monstre), rassurez-le. D’abord par vos gestes : prenez-le dans les bras ou touchez-lui doucement la main. Puis par vos paroles : posez-lui des questions pour saisir ce qui se passe : « Que vois-tu ? Cela t’effraie ? etc. » et reconnaissez son sentiment : « Moi je ne vois rien, mais si tu vois ce monstre, c’est normal que tu aies peur. » Il ne s’en sentira que plus compris et tranquillisé.
Vérifier l’environnement
La perception erronée est parfois favorisée par l’environnement, d’autant plus si ce dernier est nouveau pour votre proche : un manteau accroché à un cintre peut être pris pour une personne, les motifs d’un tapis ou du papier-peint entraînent des confusions, une radio allumée dans la pièce voisine fait croire à des voix, un éclairage trop faible grossit les ombres et donnent un aspect différent aux objets communs… Dans ce cas, empressons-nous de bannir l’élément perturbateur pour éviter que la situation ne se reproduise !
Une juste stimulation
L’apparition d’hallucinations peut être provoquée par une stimulation insuffisante au cours de la journée, qui se traduit par une forte agitation vespérale. N’oubliez pas que, même alité, votre proche a besoin que ses sens travaillent de façon variée et plaisante. Il ne faut donc pas hésiter à le changer régulièrement de lieu : s’il ne peut plus se promener, au moins de son lit à son fauteuil près de la fenêtre, de sa chambre à la cuisine, histoire qu’il participe autant que possible à la vie de la maison et que ses facultés… soient convoquées. À l’inverse, un environnement trop stimulant (bruit excessif, trop de monde, longue exposition à la télévision) risque d’engendrer le même genre d’effets. Attention au bon équilibre !
Consulter un médecin ?
Une consultation à propos d’hallucinations entraîne souvent la prescription de médicaments lourds et pas toujours bien tolérés, comme les neuroleptiques. Les effets secondaires sont nombreux, inconfortables, voire dangereux. N’emmenez donc votre proche chez le médecin à ce sujet que s’il vit mal les hallucinations : si elles l’angoissent ou sont sources de comportements à risque, par exemple s’il tente de se jeter par la fenêtre pour fuir devant ce qu’il a vu.