Les chutes et la maladie d’Alzheimer : un signe précoce à ne pas ignorer

Chuter peut arriver à tout le monde, mais lorsque cela se répète sans raison apparente, il est essentiel d’en parler à son médecin. En effet, de nombreuses affections et certains traitements peuvent favoriser ces chutes inattendues. Parmi les causes possibles, la maladie d’Alzheimer est une piste à considérer.

Un indicateur précoce du déclin cognitif ?

Une étude révélatrice

Une étude menée par l’Université Washington à Saint-Louis et présentée à la Conférence internationale de l’Association Alzheimer (AAIC) en 2011 a mis en lumière un lien surprenant : les personnes âgées ne présentant pas encore de troubles de la mémoire, mais ayant des chutes répétées sans cause apparente, pourraient être en phase précoce de la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs ont suivi 125 personnes âgées sur une période de huit mois, enregistrant leurs chutes et effectuant des examens d’imagerie cérébrale pour repérer déventuelles plaques amyloïdes, un marqueur clé de la maladie.

Des résultats significatifs

L’étude a révélé que la présence de plaques amyloïdes était directement liée à un risque accru de chutes. Ainsi, des chutes répétées chez une personne âgée sans facteur de risque particulier pourraient signaler le début d’un processus neurodégénératif.

Un risque qui persiste tout au long de la maladie

Pourquoi la maladie d’Alzheimer augmente-t-elle le risque de chute ?

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont trois fois plus de risques de tomber, indépendamment des médicaments qu’elles prennent. Plusieurs facteurs entrent en jeu :

  • Une altération du jugement qui complique l’évaluation des risques et des capacités motrices.
  • Des troubles de la coordination et une diminution de la dextérité.
  • Une perception visuelle altérée (difficulté à apprécier les distances, les contrastes et les formes).
  • Une perte de masse musculaire due à la dénutrition, entrainant une faiblesse accrue.
  • Une fatigue et une inattention grandissantes avec la progression de la maladie.

Comment repérer les personnes à risque ?

Certaines consultations hospitalières spécifiques, appelées « équilibre et prévention des chutes », permettent d’identifier les personnes les plus vulnérables. Les principaux signaux d’alerte sont :

  • Une chute dans les six derniers mois.
  • Une peur de tomber ou un sentiment d’instabilité en marchant.
  • Une difficulté à tenir plus de cinq secondes sur une jambe (test à ne pas réaliser seul).
  • Une posture déséquilibrée en marchant ou en se relevant d’une chaise.
  • Une incapacité à réaliser une double tâche (comme marcher et parler simultanément).

La prévention : un enjeu majeur

La prévention des chutes repose sur plusieurs mesures simples mais efficaces :

Aménager l’environnement

  • Désencombrer l’espace de vie : éliminer les meubles inutiles et les objets au sol.
  • Sécuriser les sols : remplacer les tapis glissants par des modèles antiderapants.
  • Optimiser l’éclairage : éliminer les zones d’ombre et installer une veilleuse entre la chambre et les toilettes.
  • Installer des barres d’appui dans la salle de bains et les toilettes.
  • Ranger les fils électriques pour éviter tout risque de chute.

Adopter les bons réflexes

  • Encourager une activité physique adaptée pour maintenir l’équilibre et la force musculaire.
  • Adapter les chaussures et vêtements pour éviter tout risque d’accrochage.
  • Traiter toute pathologie sous-jacente pouvant aggraver le risque de chute.

En identifiant précocement les signes d’alerte et en mettant en place des stratégies de prévention, il est possible de réduire le risque de chute et d’améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Une vigilance accrue et un accompagnement adapté peuvent faire toute la différence.

Sources

  • Congrès du 17 juillet 2011 à Paris ICAD (International Conference on Alzheimer’s Disease)
  • Réseau Gérontologique VISage, mai 2012.