Article rédigé par Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation,

Chuter, voilà qui peut arriver à tout le monde, mais lorsque cela se reproduit sans raison évidente, mieux vaut en parler à son médecin …

Nombreuses sont les affections (et les traitements) qui peuvent favoriser des chutes inopinĂ©es. Parmi elles, la piste de la maladie d’Alzheimer a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e.

Un signe plus précoce que le déclin cognitif ?

• L’Ă©tude clĂ© : c’est une Ă©tude amĂ©ricaine de l’UniversitĂ© Washington Ă  Saint Louis, prĂ©sentĂ©e Ă  la ConfĂ©rence internationale de l’Association Alzheimer (AAIC) dès 2011 qui a lancĂ© l’idĂ©e : les personnes âgĂ©es n’ayant pas encore de troubles de la mĂ©moire (ou autres signes de dĂ©clin intellectuel), mais qui feraient des chutes sans raison apparente, pourraient ĂŞtre dans une phase prĂ©coce de la maladie d’Alzheimer. Pour arriver Ă  cette conclusion, l’Ă©quipe de Susan Stark a suivi 125 personnes âgĂ©es pendant 8 mois, comptabilisĂ© le nombre de chutes et rĂ©alisĂ© des examens d’imagerie cĂ©rĂ©brale pour dĂ©terminer l’Ă©ventuelle prĂ©sence de plaques amyloĂŻdes associĂ©es Ă  la maladie d’Alzheimer.

• Ses rĂ©sultats : il en ressort que la prĂ©sence de plaques Ă©tait effectivement liĂ©e Ă  un risque de chute bien supĂ©rieur Ă  la moyenne. Les chutes rĂ©pĂ©tĂ©es de personnes âgĂ©es qui ne sont pas prĂ©disposĂ©es Ă  tomber, devraient donc inciter Ă  se poser la question d’une possible entrĂ©e dans la maladie d’Alzheimer.

Un risque majorĂ© tout au long de l’Ă©volution de la maladie

• Le risque de chute ne faiblit pas : avoir une maladie d’Alzheimer (ou toute autre dĂ©mence) multiplie par trois ce risque de tomber et ce, indĂ©pendamment des mĂ©dicaments prescrits. Plusieurs raisons Ă  cela : dĂ©jĂ , quand on prĂ©sente un trouble du jugement, on Ă©value mal le risque et ses capacitĂ©s motrices. Des troubles de la coordination, une moindre habilitĂ© des gestes et des troubles de la perception visuelle (de la profondeur, des contrastes, des formes, etc.) sont aussi frĂ©quents. A un stade plus Ă©voluĂ© de la maladie, viennent encore s’y ajouter une dĂ©nutrition (avec perte de la masse et donc de la force musculaire) et au stade de dĂ©ambulation, une fatigue et une inattention croissantes.

• La règle d’or : il est relativement facile de repĂ©rer les personnes Ă  haut risque de chute et il existe d’ailleurs des consultations hospitalières spĂ©cifiques «équilibre et prĂ©vention des chutes». Sont principalement concernĂ©es les personnes qui ont dĂ©jĂ  chutĂ© dans les 6 derniers mois, qui ont peur de tomber et se sentent instables en marchant. Elles ont d’ailleurs du mal Ă  tenir plus de 5 secondes sur une jambe (test Ă  ne pas tenter seul chez soi) ou Ă  tenir l’Ă©quilibre avec un pied collĂ© derrière l’autre, elles marchent en regardant le sol, Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  effectuer une double tâche (marcher et parler par exemple) et ne se relèvent pas facilement d’une chaise.

• Les chutes, ça se prĂ©vient ! Comme le risque de chute est d’autant plus important que l’habitat est encombrĂ©, avec des zones mal Ă©clairĂ©es ou des tapis glissants, sĂ©curiser l’habitat de son proche âgĂ©, est un minimum : il faut le passer au crible en gardant pour objectif de se dĂ©barrasser des meubles et des bibelots inutiles. Les couloirs et les endroits de passage obligĂ© doivent ĂŞtre parfaitement dĂ©gagĂ©s. Remplacer les tapis glissants par des tapis antidĂ©rapants et faire installer des barres d’appui dans les toilettes et dans la salle de bains. AccroĂ®tre la visibilitĂ© et limiter au maximum les zones d’ombre. PrĂ©voir une veilleuse pour la nuit, entre la chambre et les toilettes. A faire, enfin : ranger les fils Ă©lectriques des appareils Ă©lectromĂ©nagers pour ne pas risquer de se prendre les pieds dedans. Placer les objets dont il se sert au quotidien, Ă  portĂ©e de mains. Et bien sĂ»r traiter toute pathologie mĂ©dicale pouvant encore augmenter le risque de chute et de fracture …

Sources

• Congrès du 17 juillet 2011 Ă  Paris ICAD (International Conference on Alzheimer’s Disease)

• Réseau Gérontologique VISage, mai 2012.