
Les patients touchĂ©s par une maladie apparentĂ©e Ă Alzheimer ont d’autant plus besoin de soutien que leur pathologie n’a Ă©tĂ© que rĂ©cemment identifiĂ©e et concerne relativement peu de gens. D’oĂą l’essor rĂ©cent d’associations, créées par d’anciens aidants, pour accompagner ces malades et leur famille dans cette Ă©preuve.
Invités de notre dernier live interactif DIGIT’ALZ, Dominique de Blanchard, Joëlle Swartvagher et Philippe de Linarès ont en commun d’avoir accompagné un conjoint souffrant de maladies apparentées à Alzheimer et de s’être sentis très seuls face à ces pathologies rares et méconnues. Après le décès de leur proche, ils ont décidé de combler ce manque en fondant des associations pour les aidants et les malades. Voici comment leurs initiatives guident la prise en charge.
Diminuer l’errance diagnostique
Entre le jour oĂą Philippe de Linarès a commencĂ© Ă remarquer des troubles du comportement chez son Ă©pouse et le moment oĂą le diagnostic de la maladie Ă corps de Lewy (MCL) a Ă©tĂ© posĂ©, plus d’une douzaine d’annĂ©es se sont Ă©coulĂ©es. Autant de temps prĂ©cieux perdu pour combattre la pathologie et accompagner sa femme de façon adaptĂ©e ! Des mĂ©decins ont parlĂ© de dĂ©pression, d’autres de Parkinson. Il a fallu que Philippe dĂ©couvre lui-mĂŞme sur internet les symptĂ´mes de la MCL, en tous points semblables Ă ceux de sa femme, pour que le bon diagnostic soit enfin posĂ©. Cette pĂ©riode de tâtonnement a Ă©tĂ© vĂ©cue comme une grande souffrance, mĂŞlĂ©e d’angoisse et d’impuissance. Aujourd’hui, de nombreuses familles subissent cette Ă©preuve car on estime que sur les 180 000 cas de MCL en France, deux tiers ne sont pas encore diagnostiquĂ©s. C’est tout d’abord pour les guider que Philippe a fondĂ© en 2018 l’association des aidants et malades de la MCL, qui contribue Ă mieux faire connaĂ®tre au grand public et au corps mĂ©dical cette maladie qui n’a Ă©tĂ© identifiĂ©e qu’au milieu des annĂ©es 1990.
MĂŞme dĂ©marche pour Dominique et JoĂ«lle, dont les maris souffraient de DĂ©gĂ©nĂ©rescences Fronto-Temporales, quand elles ont créé France-DFT en 2009 : la durĂ©e de l’errance diagnostique, qui s’Ă©levait alors Ă 7-8 ans en moyenne, est estimĂ©e actuellement Ă 3 ans. Un progrès auquel leurs efforts de communication ont contribuĂ© sans aucun doute !
Mieux comprendre la maladie
Plus on en sait sur la maladie, mieux on peut la vivre ou accompagner un proche. Le fait de bien connaĂ®tre l’Ă©volution de la pathologie permet de l’anticiper : quand les symptĂ´mes surviennent, le malade et ses aidants sont moins dĂ©concertĂ©s, et peuvent adopter un comportement adaptĂ©. C’est d’autant plus vrai pour ces maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives, dont les manifestations peuvent ĂŞtre très dĂ©concertantes : quand sa femme se mĂ©fiait de lui, le prenant pour un sosie malveillant, ou que des soignants l’accusaient de simuler sa maladie Ă cause des fluctuations cognitives, Philippe aurait Ă©tĂ© rassurĂ© de savoir, avant d’y ĂŞtre confrontĂ©, que ces troubles Ă©taient typiques de la MCL. Les associations Ă©voquĂ©es s’appuient toutes sur un conseil scientifique solide et une riche documentation, qui Ă©clairent les rouages de la pathologie concernĂ©e et relaient les avancĂ©es de la recherche.
Faciliter le partage d’expĂ©riences
Face Ă la maladie, d’innombrables questions se pressent dans le cerveau inquiet des aidants et des malades : Ă quelles aides peut-on prĂ©tendre ? Jusqu’Ă quand peut-on rester chez soi ? Vers quels spĂ©cialistes se tourner ? etc… Mais Ă qui les poser ? Le meilleur interlocuteur est sans aucun doute celui qui a vĂ©cu notre Ă©preuve avant nous. Ses mots tombent justes, ses conseils sont Ă propos, son jugement est bienveillant… Mais comment le croiser sur son chemin, surtout quand la maladie qui nous inquiète concerne peu de monde? Un prĂ©cieux coup de pouce est donnĂ© par les diffĂ©rentes associations mentionnĂ©es : elles mettent en relation les familles confrontĂ©es Ă la pathologie en question par des groupes de paroles, forums, plate-formes tĂ©lĂ©phoniques formations d’aidants et autres rendez-vous. En plus de pouvoir s’appuyer sur les expĂ©riences d’autrui, aidants et malades se sentent ainsi moins seuls face Ă leurs problèmes : le soutien psychologique se combine aux solutions pratiques !
Pour aller plus loin :
Pour en savoir plus sur les différentes maladies apparentées : https://alzheimer-recherche.org/les-maladies-apparentees-a-alzheimer/
La boîte à outils qui accompagne le live DIGIT’ALZ : https://entretiensalzheimer.org/wp-content/uploads/2022/03/Boite-%C3%A0-outils_DIGITALZ-2022.pdf
Les associations de patients :
Pour la maladie Ă Corps de Lewy (MCL) :
- Association des Aidants et des Malades Ă Corps de Lewy : https://www.a2mcl.org/
Pour l’Aphasie primaire progressive (APP):
- Fédération Nationale des Aphasiques de France : https://aphasie.fr/
Pour les Dégénérescences fronto-temporales:
- France-DFT: https://www.france-dft.org/
Pour les autres formes de démences :
- Centre de Référence Démences Rares ou Précoces : https://cref-demrares.fr