Aujourd’hui 1 000 000 de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France, et c’est la quatrième cause de mortalitĂ© dans le pays. Parmi ces malades, 60% sont des femmes, une tendance Ă©galement observĂ©e partout dans le monde. Ainsi les femmes ont environ deux fois plus de risques de dĂ©velopper la maladie au cours de leur vie (Nebel RA, Aggarwal NT, Barnes LL, et al. Understanding the impact of sex and gender in Alzheimer’s disease: A call to action. Alzheimers Dement. 2018;14:1171–1183).
Longtemps, seule la différence de longévité entre les femmes et les hommes était évoquée pour expliquer ce phénomène. En France, les femmes vivent six ans de plus en moyenne.
Depuis 2018, une analyse scientifique plus sĂ©rieuse par sexe a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e, notamment par l’organisation internationale Women’s Brain Project (WBP) dont les travaux sont parus dans la revue spĂ©cialisĂ©e Nature et ont mis en avant d’autres facteurs.
La dépression en est un : cette maladie est corrélée à Alzheimer or les femmes y sont plus exposées. En effet, en France, pour deux hommes touchés par un épisode dépressif, il y a entre 3 à 4 femmes.
Autre piste : la progression plus rapide de la maladie chez les femmes s’expliquerait notamment par la chute des taux d’Ĺ“strogènes Ă la mĂ©nopause et la perte de leurs effets protecteurs sur le cerveau. Celui-ci se trouverait plus vulnĂ©rable que celui des hommes aux maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives.
Les chercheuses du WBP soulignent par ailleurs que les Ă©tudes cliniques n’incluent pas assez de femmes.
En l’absence de traitement efficace, la prĂ©vention de la maladie d’Alzheimer est un enjeu de santĂ© publique important. La meilleure prise en compte des facteurs de risques plus spĂ©cifiques par sexe est donc une piste majeure pour faire progresser la prĂ©vention de la maladie. Il est notable que, pour des raisons mĂ©thodologiques, la recherche de facteurs gĂ©nĂ©tiques a jusque lĂ exclu le chromosome X. Il y a donc lĂ tout un champ qui reste Ă explorer.
Dans ce cadre, la Fondation recherche Alzheimer soutient le projet Céline Bellenguez (Institut pasteur de Lille) qui a pour but d’étudier l’effet des variations génétiques des chromosomes sexuels sur le risque de maladie d’Alzheimer, d’évaluer l’impact du sexe sur le risque génétique de la maladie puis de déterminer les mécanismes biologiques impactés par les facteurs génétiques liés au sexe. Ce projet est mené au sein des grands consortiums internationaux travaillant sur la génétique de la maladie d’Alzheimer.
Enfin, en matière de prĂ©vention, il a Ă©tĂ© montrĂ© que l’Ă©ducation est un facteur clĂ© connu de la rĂ©serve cognitive souligne le Dr Raffaela Migliaccio (Stern Y. Cognitive reserve in ageing and Alzheimer’s disease. Lancet Neurol. 2012;11:1006–1012). Aussi le niveau d’éducation des femmes des nouvelles gĂ©nĂ©rations ayant rattrapĂ© celui des hommes dans les pays dĂ©veloppĂ©s, le diffĂ©rentiel observĂ© devrait en partie s’attĂ©nuer dans les prochaines dĂ©cennies.
En savoir plus sur le projet de recherche de Céline Bellenguez soutenu par la Fondation sur ce sujet.
En savoir plus sur la prĂ©vention de la maladie d’Alzheimer