Il est essentiel de diagnostiquer au plus tôt la maladie d’Alzheimer. Pour cela, il est nécessaire d’être attentif aux premiers symptômes. Plus la maladie est repérée tôt, plus il est possible de mettre en place une prise en charge et un accompagnement adapté. Même s’il n’existe pas encore de traitement curatif disponible sur le marché, un suivi médical permet de freiner la progression de la maladie.
Les signes d’alerte
Avoir une maladie d’Alzheimer, c’est souffrir de troubles de la mémoire suffisamment importants pour retentir sur la vie quotidienne.Cependant, cela ne se produit pas du jour au lendemain.Quels sont les petits troubles insidieux qui auraient pu donner l’alerte les mois ou les années précédant la déclaration de la maladie ?
Ces troubles qui, associés ou répétés, doivent alerter.
Perturbants
Oublier un rendez-vous ou une course ou l’endroit où l’on a posé un objet ou un numéro de téléphone, ça nous arrive à tous sans exception. Mais quand cela se répète, en particulier dans des circonstances précises – par exemple, dans un environnement bruyant ou quand il faut aller vite, etc. – ce n’est peut-être pas si anodin. Ça l’est d’autant moins que l’on oublie que l’on a oublié, que l’information qui nous a fait défaut ne nous revient guère en mémoire, quelque temps plus tard, voire, qu’il nous arrive de plus en plus de poser des objets courants dans des endroits inappropriés (comme les clés dans le four). Lorsque ces troubles de la mémoire portent uniquement sur des événements récents et qu’ils affectent la vie quotidienne au point de compliquer l’exécution de certaines tâches familières, c’est un signe.
Troublants
A côté de ces troubles initialement discrets de la mémoire, d’autres symptômes peuvent s’installer comme le fait de substituer un mot par un autre, au point de rendre une phrase incompréhensible ou ne plus reconnaître un chemin pourtant emprunté plusieurs fois. Comme le jugement tend aussi à s’altérer, cela peut se traduire par un décalage entre ce qu’il aurait fallu faire et une situation donnée : se couvrir alors que le thermomètre grimpe, par exemple. Présenter des sautes d’humeur, souvent sans raison apparente et perdre tout intérêt pour l’entretien de la maison, sont encore d’autres symptômes. Enfin, l’altération de la qualité du sommeil doit encore poser question.
Un diagnostic aussi précoce que possible est le meilleur moyen de bénéficier d’une prise en charge précoce, seule solution actuelle pour ralentir le cours de la maladie. Si les traitements actuellement disponibles ne permettent pas de faire régresser les symptômes déjà installés, associés à des thérapies non médicamenteuses, ils peuvent stabiliser la maladie pour de longues années.Alors plutôt que de se demander si ces symptômes peuvent avoir un rapport ou non avec une maladie d’Alzheimer débutante, mieux vaut être vu en consultation de la mémoire. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin traitant.
Les symptômes de la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer entraîne une perturbation du fonctionnement cognitif de la personne malade mais elle engendre également des troubles affectifs et comportementaux.
Les symptômes cognitifs
La maladie d’Alzheimer se caractérise par un début insidieux et une évolution progressive. Il existe une variabilité inter-individuelle concernant l’ordre d’installation mais aussi l’intensité des différents troubles cognitifs chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les pertes de mémoire figurent parmi les symptômes les plus connus mais l’évolution des lésions cérébrales vient progressivement empêcher d’autres capacités de fonctionner.
Les troubles de mémoire constituent le motif de consultation habituel. Ils traduisent l’altération des formations hippocampiques, indispensables aux processus de mémorisation des informations nouvelles.
Un patient atteint de la maladie d’Alzheimer présente ainsi des pertes de mémoire concernant les événements récents. Il répète les questions, effectue deux fois le même achat, ne sait plus quelle est la personne qu’il vient de rencontrer ou ne se souvient plus de l’endroit où il a rangé un objet important. Il peut être également désorienté, errer plusieurs heures dans son quartier, ou ne pas bien se situer dans le temps.
On assiste alors à l’utilisation de plus en plus fréquente de notes et d’aide-mémoire. Néanmoins, les conséquences des troubles de la mémoire assez rapidement constatés par l’entourage sont minimisées par le patient : « il oublie qu’il oublie » !
« La plainte de mémoire » un épisode de PODC’ALZ à écouter
Les troubles du langage correspondent à une perte partielle ou totale de la capacité à communiquer.
Au début, une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer cherche ses mots et à tendance à compenser cette difficulté en usant de « mots valises » (« truc », « machin »…). Ensuite, la personne produit des paraphasies et persévère sur un élément ou sur un thème. La lecture est perturbée et l’écriture devient désorganisée. Enfin, à terme, la personne devient mutique.
Il existe, en parallèle, des difficultés de compréhension qui évoluent progressivement. Dans les premiers temps, le malade se perd dans des phrases compliquées ou dans un vocabulaire particulier et, peu à peu, ce sont les phrases et les mots simples qui perdent leur sens.
Dès les premiers stades de la maladie, les patients rapportent fréquemment des difficultés à exécuter des activités complexes ou demandant de l’attention et de la concentration. La personne malade abandonne donc progressivement certaines tâches difficiles comme la gestion du budget, la préparation d’un repas, la conduite automobile, la planification d’un voyage… Elle a de plus en plus de difficultés à réaliser deux choses à la fois et est plus facilement distraite si elle est interrompue ou s’il existe un bruit environnant.
Au cours de la maladie d’Alzheimer, la personne malade a des difficultés à effectuer des gestes quotidiens nécessitant une certaine coordination et de la dextérité. Ce sont des gestes acquis qui, peu à peu, sont oubliés.
L’apraxie se manifeste de manière concrète dans les actions quotidiennes. La personne éprouve d’abord de réelles difficultés à exécuter des gestes élaborés (écriture, tâches ménagères, utilisation des appareils électroménagers) puis, à un stade plus avancé, elle ne peut plus produire les gestes les plus simples (utilisation des couverts, mâcher, s’habiller…).
Au cours de l’évolution de la maladie, il est possible de voir apparaître des difficultés d’identification des objets ou des visages. Cela s’explique par l’incapacité à mettre en relation ce qui est perçu et ce que nous avons appris alors que les fonctions sensorielles sont préservées.
Les patients peuvent, néanmoins, parfois compenser ce manque par un autre sens (toucher, ouïe). Ainsi, toucher un objet leur permettra de l’identifier ou entendre une voix familière permettra de reconnaitre un proche.
Les troubles affectifs et émotionnels
La maladie d'Alzheimer affecte non seulement la mémoire mais également les émotions et l'humeur, entraînant anxiété, dépression et fluctuations émotionnelles intenses. Les personnes atteintes peuvent éprouver de la confusion et de l'isolement en raison de leur incapacité croissante à reconnaître des lieux ou des visages familiers. Il est essentiel d'aborder ces troubles avec empathie, en adoptant une approche centrée sur la personne pour améliorer leur bien-être et maintenir leur qualité de vie.
La personne malade se montre très nerveuse, inquiète ou effrayée sans raison apparente. La prise de conscience par moment de la détérioration de ses facultés peut devenir également une source d’anxiété.
Manifestations :
– Les mêmes questions sont posées sans cesse.
– Déambulation, « tourne en rond », ne tient pas en place.
– Agitation à la tombée de la nuit.
– Comportement de vérification (fermeture du gaz, portes, fenêtre…).
Baisse de motivation, perte d’intérêt vis-à-vis des activités de loisir, des activités sociales et repli sur soi. Ces symptômes sont volontiers interprétés comme une dépression, or, en réalité, les modifications affectives sont le plus souvent un mélange d’émoussement affectif et d’incontinence émotionnelle.
Manifestations :
– La personne malade reste des heures dans un fauteuil sans rien faire.
– Indifférente aux activités qu’elle aimait jusque-là.
– Aucune réponse aux sollicitations.
– Elle semble indifférente à la vie de ses proches.
Humeur très changeante et impatience anormale.
Manifestations :
– La personne malade a des sautes d’humeur.
– Elle a de brusques accès de colère.
– Elle est impatiente, supportant mal les retards ou le fait de devoir attendre.
Jovialité excessive sans aucune raison apparente. Il existe une bonne humeur anormale et constante.
Manifestations :
– La personne malade rit pour des choses que les autres ne trouvent pas drôle.
– Elle a un sens de l’humour puéril ou rit sottement.
Manifestations :
– La personne malade est triste, pleure ou sanglote facilement.
– En se dévalorise.
– Elle exprime de la culpabilité et a l’impression d’être un fardeau pour sa famille.
– Découragée face à l’avenir.
– Exprimant le désir de mourir.
Les troubles du comportement
Les troubles du comportement sont des manifestations fréquentes de la maladie d'Alzheimer, reflétant les changements neurologiques profonds induits par la maladie. Ces troubles peuvent inclure l'agitation, l'agressivité, les déambulations, ainsi que des comportements répétitifs ou inappropriés. Ces symptômes posent souvent des défis considérables pour les soignants et peuvent compliquer la gestion au quotidien des personnes atteintes. Comprendre et traiter ces comportements nécessite une approche personnalisée et sensible, qui tient compte à la fois des besoins de sécurité du patient et du maintien de son dignité. Des stratégies telles que la modification de l'environnement, le maintien d'une routine quotidienne et l'emploi de thérapies non médicamenteuses sont souvent efficaces pour atténuer ces troubles.
Elle survient souvent brutalement et est le plus souvent verbale.
Manifestations :
– La personne malade refuse de coopérer ou ne laisse pas les gens l’aider (refuse de prendre le bain, de changer les vêtements, de manger, de se recoucher).
– Elle se met en colère, crie ou profère des insultes.
– Elle claque les portes ou jette un objet par terre.
Comportement sans utilité que le patient fait et refait sans cesse.
Manifestations :
– La personne malade déambule, erre ou tourne en rond sans but apparent.
– Farfouille, ouvre les placard et tiroirs.
– Tripote sans arrêt un objet.
Manifestations :
– La personne malade éprouve des difficultés à s’endormir.
– Il peut exister une inversion du rythme jour-nuit.
Manifestations :
– La personne malade a perdu l’appétit et on observe une perte de poids.
– Elle a eu un changement dans ses habitudes alimentaires.
Comportement inhabituel ou inacceptable socialement ou au regard des valeurs de la personne ou de la famille.
Manifestations :
– La personne malade agit impulsivement sans se préoccuper des conséquences.
– Elle parle à des personnes étrangères.
– Utilise des mots grossiers ou déplacés qu’elle n’aurait jamais dit auparavant.
– Fait des commentaires désobligeants à voix haute ou parle ouvertement de questions très personnelles.
Convictions erronées que l’on rencontre plutôt à des stades modérés de la maladie.
Manifestations :
– La personne malade croit être en danger ou que les autres ont l’intention de lui faire du mal.
– Elle croit que les autres la volent.
– Croit que son conjoint/sa conjointe a une liaison.
– Pense qu’elle n’est pas chez elle dans la maison où elle habite.
Perceptions ou interprétations erronées de l’environnement. Elles peuvent être visuelles, auditives, sensorielles, amnésiques.
Manifestations :
– La personne malade entend des voix.
– Elle parle à des personnes qui ne sont pas là.
– Et voit des choses que les autres ne voient pas (personnes, animaux, lumières…).