
La Maladie à Corps de Lewy : Une maladie neurocognitive qui commencerait par le nez ?
La Maladie à Corps de Lewy (MCL) est une des maladies neurocognitives les plus fréquentes chez les personnes âgées. Après 50 ans, elle représente près de 20 % des malades avec troubles cognitifs, soit 250 000 patients en France. Les quatre caractéristiques cliniques principales de la MCL sont : les fluctuations cognitives, les troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP), les hallucinations visuelles et le syndrome parkinsonien (akinésie (lenteur d’initiation du mouvement), rigidité).
Cette pathologie est une synucléinopathie, induite par l’agrégation anormale de la protéine alphasynucléine qui forme les corps de Lewy. Ces accumulations seraient présentes précocement dans les bulbes olfactifs (partie nerveuse du nez) avant de se diffuser dans le reste du cerveau, provoquant d’abord des troubles de l’odorat, puis des symptômes cognitifs, comportementaux et moteurs.
Notre recherche sur une meilleure compréhension de l’olfaction dans la MCL s’appuie sur la cohorte clinique QuiC-Lewy dans laquelle seront recrutés 88 patients MCL, 88 patients MA, 22 patients avec MA+MCL et 88 patients contrôles.
L’objectif principal de cette étude est de comprendre comment la fonction olfactive est affectée dans la MCL par rapport à la maladie d’Alzheimer. Pour cela 3 tests vont être réalisés :
– Des tests olfactifs afin de repérer une perturbation de l’odorat. Plus de 90 % des patients atteints de MCL présentent des troubles olfactifs.
– Des prélèvement dans la muqueuse olfactive (prélèvements nasopharyngés), cela permettra de détecter pour chaque sujet l’alpha-synucléine anormale, grâce à une technique appelée RT-QuIC (real-time quaking induced conversion).
– Des tests de neuroimagerie ; chaque sujet passera une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) du cerveau et des bulbes olfactifs. Cela permettra de mesurer le volume de différentes structures cérébrales dont l’ensemble du système olfactif.
Nous nous attendons à ce que l’alpha-synucléine anormale soit détectable dans la muqueuse olfactive des patients MCL, contrairement aux témoins et aux patients MA. Si c’est le cas, un simple prélèvement nasal couplé à des tests olfactifs pourraient servir de biomarqueurs et aideraient à différencier les personnes atteintes de la MCL de celles qui ne le sont pas. Par ailleurs, nous pensons trouver le cheminement de l’atteinte des corps de Lewy dans le cerveau à partir des bulbes olfactifs.

















