Comment motiver les personnes malades d’Alzheimer pour les sorties hors du domicile ?

Article rédigé par Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation,

 

La maladie d’Alzheimer génère souvent un repli sur soi du patient, son domicile constituant un cocon protecteur. C’est une tendance naturelle contre laquelle il faut parfois lutter !

 

Les symptômes de la maladie tels que les difficultés à se concentrer et à planifier, les pertes de mémoire, l’apathie, parfois la dépression tendent à réduire peu à peu les activités, jusqu’à ne plus vouloir sortir du domicile. Ainsi l’apathie, qui se manifeste par une baisse de motivation, un appauvrissement des activités sociales et un émoussement affectif, touche près de la moitié des malades Alzheimer. Plusieurs études ont démontré l’efficacité des interventions non médicamenteuses, à base d’activités adaptées (stimulation sensorielle, musicothérapie, art-thérapie…) pour lutter contre cette apathie et améliorer le bien-être de la personne malade.

Le simple fait de marcher (le jour) favorise le sommeil (la nuit) et contribuer à réduire le stress. Sortir du domicile réduit également l’ennui, atténue le sentiment d’isolement et stimule les capacités cognitives du patient en le soumettant à des situations et des interactions sociales variées.

Retrouver l’envie

Continuer à sortir aussi longtemps que possible est donc primordial, pour le malade autant que pour son aidant. Mais que faire face à un refus ? Chez tout être humain, la motivation est intimement liée au plaisir. Et si les sources de plaisir évoluent au cours de la maladie, il en subsiste très longtemps. Elles constituent la base sur laquelle s’appuyer pour motiver la personne à franchir la porte de son logement. En pratique, et selon ses préférences, il peut s’agir de sortir pour faire des courses, nager, se promener, aller au cinéma, participer à un atelier (chant, relaxation, gymnastique…) ou à une cueillette (fruits, légumes, fleurs), faire une partie de pétanque, rendre visite à des voisins, assister à un concert en plein air ou au coucher du soleil. Réussir à embarquer la personne malade dans le projet de sortie nécessite un équilibre délicat : il faut proposer de façon répétée, sans pour autant harceler. Il faut aussi stimuler, sans déstabiliser. Une sortie en terrain connu, à l’heure où la personne malade se sent habituellement le mieux, sera plus facile à accepter et moins stressante. Il s’agit également d’impulser une bonne dose de dynamisme, nécessaire à l’action, tout en restant calme. L’agitation excessive est aussi contagieuse que nocive. Il s’agit enfin de planifier pour deux, tout en restant attentif à l’autre et souple (horaires, trajet…).

Des astuces et de la bienveillance  

Pour surmonter une situation de blocage, mieux vaut procéder étape par étape. Commencer par une sortie dans le jardin ou à proximité immédiate de l’appartement avant d’envisager d’aller plus loin. Parfois, la solution vient d’un tiers. Un aidant professionnel ou un proche apprécié peut parvenir à motiver davantage la personne malade que son aidant habituel.

Dans tous les cas, communiquer s’avère essentiel, par les mots mais aussi par le toucher, le sourire et le regard.

Rester positif aussi, au travers d’encouragements avant et pendant la sortie, puis de félicitations après !

 

Sources : Alzheimer society of Canada, Journal of Geriatric Psychiatry and Neurology, Current Opinion in Behavioral Sciences, Haute autorité de santé