Intervention du Docteur Olivier de Ladoucette, Psychiatre, Gérontologue. Président Fondateur de la Fondation et du Professeur Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer (IM2A) et président du Comité scientifique de la la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer, lors des Entretiens de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer 2014 à la Maison de la Chimie.
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Plusieurs études sur la maladie d’Alzheimer ont fait la Une ces derniers mois. A tort ou à raison ? Démêlons le vrai du faux !
Les benzodiazépines augmentent le risque de maladie d’Alzheimer ?
Ces médicaments sont prescrits pour traiter l’anxiété, le stress et l’insomnie. Une étude récente a montré un lien entre leur prise et l’apparition plus fréquente d’une maladie d’Alzheimer. Cependant, rien ne prouve qu’il s’agisse d’un lien de cause à effet ! Les benzodiazépines sont des médicaments utiles, au cas par cas. Il ne faut pas en priver les personnes qui en ont besoin.
La stimulation électrique du cerveau booste la mémoire ?
Il existe deux techniques de stimulation cérébrale. La première utilise de électrodes qui stimulent le cerveau en profondeur. Elle est efficace dans certains cas de maladie de Parkinson. Une étude a aussi montré qu’elle améliorait la mémoire dans la maladie d’Alzheimer. Néanmoins, elle nécessite un geste chirurgical lourd et ses effets sont temporaires. La deuxième technique consiste à exercer une stimulation magnétique, à l’extérieur du crâne. Elle pourrait avoir des effets dans la maladie d’Alzheimer. De nouvelles études sont nécessaires pour le confirmer.
Une carence en vitamine D favorise la maladie d’Alzheimer ?
Selon une étude récente, le risque de maladie d’Alzheimer augmenterait de 60% pour une carence faible en vitamine D, et de plus de 100% pour une carence importante. Cependant, aucun lien de cause à effet direct n’a été prouvé. En revanche, il est déjà démontré que manquer de vitamine D augmente la fragilité des os et le risque d’accident vasculaire cérébral, ainsi que celui de chute. Or plus de 60% de la population est carencée en vitamine D au-delà de 70 ans !
Travailler plus longtemps protège ?
Prendre sa retraite à 70 ans réduirait le risque de maladie d’Alzheimer de 30% ! Ce résultat récent remet en lumière une vérité connue depuis longtemps : plus on travaille longtemps, plus le déclin des fonctions mentales (mémoire, compréhension…) est tardif. De même, plus on a d’activités physiques et de relations sociales, mieux notre cerveau compense les lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer, plus ses symptômes apparaissent tard !
La dépression peut provoquer une maladie d’Alzheimer ?
D’autres études étaient déjà arrivées à la même conclusion… à tort ! Une personne atteinte d’une dépression mal soignée a tendance à se replier sur elle-même. Elle réduit ses activités et ses relations avec les autres. Si son cerveau présente déjà des lésions de la maladie d’Alzheimer, les symptômes apparaitront plus tôt. A contrario, si sa dépression est bien soignée, elle conserve des activités et des liens avec son entourage. Ces stimulations retardent les symptômes de la maladie.