Quelle relation entre psychotropes et maladie d’Alzheimer ?

Article rédigé par Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation, le 21 novembre 2012

Les psychotropes ont été récemment accusés de faire le lit de la maladie d’Alzheimer.

 

Pour le Docteur Olivier de Ladoucette (psycho gériatre, président de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer), il faut cependant se méfier de conclusions trop hâtives.

Les personnes âgées consomment trop de tranquillisants et d’hypnotiques, en particuliers les benzodiazépines,  et celles qui en consomment auraient un risque de 50 % supérieur aux autres, de développer une démence. Telle est la conclusion d’une étude publiée dans le British Medical Journal (septembre 2012) et qui fait grand bruit. Explications du Dr Olivier de Ladoucette.

 

Quel enseignement peut-on tirer des études jusqu’ici réalisées ?

« Ce n’est pas la première fois que la surconsommation des personnes âgées vis-à-vis des psychotropes, est pointée du doigt. Plus de 27 % des plus de 65 ans consomment des benzodiazépines, or plus de la moitié des prescriptions sont jugées inutiles, notamment dans le cadre des plaintes autour du sommeil qui devient plus léger et plus fragmenté en vieillissant (alors que c’est tout à fait normal). A peu près tous les auteurs sont d’accord sur ce point ».

 

Qu’est-ce que ces études ne montrent pas ?

« L’existence d’un lien statistique ne veut pas dire que ce sont forcément les benzodiazépines qui déclenchent la maladie d’Alzheimer. En effet, les troubles de l’humeur et l’anxiété font souvent partie des premiers signes d’une maladie d’Alzheimer. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ces personnes consultent davantage pour ces troubles ».

 

Que faut-il en conclure sur la prescription de psychotropes ?

« Les benzodiazépines sont prescrits en excès, cela ne fait pas de doute. En l’occurrence, en cas de légers troubles anxieux ou de déprime qui se reconnaissent au fait que ces symptômes ne sont pas constants (la personne a des hauts et des bas, mais n’est pas triste 24 H sur 24), la réponse médicamenteuse n’est pas la plus appropriée. A l’inverse, une authentique dépression relève d’un traitement antidépresseur, or seulement une sur quatre est correctement prise en charge à cet âge. Bref, ce ne sont pas nécessairement les médicaments psychotropes qu’il faut accuser, mais leurs indications qui doivent être mieux ciblées et d’avantage contrôlées… ce qui demande aussi de poser les bons diagnostics. En cas de doute sur une maladie d’Alzheimer débutante, notamment en raison de troubles de l’humeur, l’avis du spécialiste est donc utile ».