Pourquoi surveiller le poids en cas de maladie d’Alzheimer ?

 

Article rédigé par Olivier de Ladoucette, Président de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer,
le 13 mars 2013
 
 

Quand on évoque la maladie d’Alzheimer, on pense surtout aux troubles mnésiques, rarement aux problèmes de poids. Erreur !

 
Faute d’information à ce sujet, beaucoup ne se préoccupent pas trop du poids d’un proche atteint de la maladie d’Alzheimer et pourtant ! Se traduisant par la perte d’un kilo, puis deux, puis dix, cet amaigrissement est également annonciateur de carences … et donc de mauvais état général.

De la démence à la perte de poids

  • En quoi les deux sont liés ?
Ce n’est un secret pour personne que la maladie d’Alzheimer entraine des pertes de mémoire. Or qui dit troubles mnésiques, dit aussi perte des repères. Et cela peut aller très loin : en effet, gérer ses courses, respecter la chaîne du froid, cuisiner ses aliments, concocter des repas équilibrés, tout cela peut vite devenir très (trop) compliqué pour le malade qui ne se nourrit plus correctement. Une perte de poids en est alors le premier signal. Et plus tard encore, lorsque la maladie est déjà bien évoluée, ne plus reconnaître ce qui est dans l’assiette, ne plus savoir comment le manger ni comment se servir des couverts, ne pas ressentir non plus la satiété, voilà qui peut encore précipiter la dénutrition.
A côté de cette incapacité à bien se nourrir, d’autres facteurs peuvent encore jouer : c’est notamment le cas de l’apparition de troubles de la déglutition (une consultation ORL peut alors s’avérer utile). La dépression – fréquente au début de la maladie d’Alzheimer – ne fait qu’empirer le problème : en effet, elle majore bien souvent la perte de l’appétit. Quant à la déambulation qui touche plutôt les malades à un stade avancé, elle a surtout pour effet d’augmenter leur dépense énergétique et donc, de faire encore plus pencher la balance du mauvais côté (à gauche).
 
  • Avec quelles conséquences?
il existe une très nette corrélation entre un mauvais état nutritionnel et la décision de placement en institution. En effet, une mauvaise alimentation est source de carences, elles-mêmes responsables d’une plus grande fragilité, tant en ce qui concerne l’immunité que l’équilibre. Autrement dit, les risques d’infections et de chutes augmentent, soit deux causes fréquentes d’hospitalisation, puis de placement dans un second temps.
 
  • La règle d’or 
Pour éviter la dénutrition, facteur de mauvais pronostic dans l’évolution de la maladie, une seule solution. Surveiller l’évolution de la courbe de poids, mois par mois, afin de réagir très vite lorsque tous les signaux d’alerte sont au rouge (avec un poids et un indice de masse corporelle en baisse). Cela demande d’avoir une balance à domicile et de noter l’évolution du poids, chaque mois, sur une courbe facile à interpréter d’un simple coup d’œil. L’aide d’un tiers pour gérer les repas, la préparation de mets qui peuvent se manger avec les doigts (lorsque les couverts deviennent un obstacle) et si besoin, des compléments nutritionnels en prime, sont autant de solutions faciles à mettre en place et qui ont déjà fait leurs preuves.
 

Le surpoids, également incriminé !

Selon une récente étude publiée dans les «Archives of Neurology» (janvier 2013), des taux anormalement élevées d’adiponectine – une hormone produite au niveau de la graisse viscérale, réputée la plus mauvaise pour l’organisme – augmente le risque de survenue d’une maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence. Cette étude vient donc s’ajouter à toutes celles qui tendent à montrer que la malbouffe pourrait jouer un rôle délétère dans la survenue et/ou l’évolution d’une maladie d’Alzheimer : souffrir d’un diabète, être obèse, seraient des facteurs de risque … ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que tous les diabétiques et/ou tous les obèses souffriront un jour de la maladie d’Alzheimer.

Source : Arch Neurol. Published online January 2, 2012. doi:10.1001//archneurol.2011.670 (JAMA).

Pour en savoir plus : nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Jean-Marie Bourre, membre de l’Académie de médecine, La Nouvelle diététique du cerveau (Editeur : Odile Jacob). Il en a parlé lors des Entretiens de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer le 4 avril 2013 à la Maison de la Chimie (Paris 7ème).

Programme des Entretiens 2013