Une avancée importante dans la compréhension de l’évolution de la maladie d’Alzheimer !

8 novembre 2021

L’article qui vient d’être publié par une équipe de Cambridge University dans Science Advances rapporte un travail de modélisation mathématique innovant du rythme de progression de la pathologie tau lors de la maladie d’Alzheimer (MA). Ici il ne s’agit pas de modèle animal, mais bien de données de patients, étudiées soit en neuroimagerie soit par examen post mortem de leur cerveau.

La question que se posaient les chercheurs était la suivante : est-ce que la propagation observée de la protéine tau pathologique correspond bien à l’hypothèse actuellement dominante d’une propagation entre différentes zones cérébrales via les connexions neuronales (sur le modèle des maladies à prion) ou bien à celle d’une réplication de grains de protéine tau pathologique en divers points du cerveau (comme le feraient des cristaux).

Contrairement à ce qui est généralement admis, cette étude conclut que, dès que la pathologie tau sort de la zone temporale interne (stade III de Braak) et s’accumule dans plusieurs zones du cerveau à la fois, c’est le second modèle qui décrit le mieux la vitesse de propagation de la maladie. C’est en partie pour cela que, selon les chercheurs, la maladie évolue de façon aussi fulgurante une dizaine d’années après le diagnostic.

Cela, bien sûr, invite à orienter la recherche vers un moyen de combattre cette autoréplication de la protéine tau. D’ailleurs, point encourageant, les auteurs mentionnent que la vitesse de progression observée est ralentie par rapport à la vitesse théorique ce qui fait penser que, même s’ils sont insuffisants pour stopper la maladie, des mécanismes protecteurs sont à l’œuvre chez les patients.

Un autre aspect intéressant est que cette distribution, plus dispersée qu’on le pensait, des agrégats de tau pourrait bien être liée à la présence de dépôts de protéine bêta-amyloïde. Cette étude va peut-être inviter à voir d’un nouvel œil la collaboration entre les deux anomalies protéiques de la maladie d’Alzheimer. Elle ouvre peut-être un nouveau round dans le match entre ceux qu’on a dénommés les « TAU-istes » (qui privilégient le rôle de la protéine tau dans la MA) par opposition aux « BA-tistes » qui privilégient le rôle de la protéine bêta-amyloïde.

 

In vivo rate-determining steps of tau seed accumulation in Alzheimer’s disease.

[Etude in vivo des étapes déterminant le rythme d’accumulation des grains de protéine tau pathologique dans la maladie d’Alzheimer].

Georg Meisl et al. Science Advances 2021 ; 7, 29 October 2021.